Interview d’Augustin Courtier, co-fondateur de l’association Latitudes

À l’occasion du Reset Day #4, Augustin Courtier, co-fondateur de l’association Latitudes, est venu témoigner de leurs actions en faveur de l’intégration d’une dimension sociétale dans les cursus des établissements du supérieur – notamment en lien avec le numérique. Cette intervention fait particulièrement écho au sujet de la coalition #3 du programme RESET “Pour des formations supérieures numériques intégrant les relations sociales et environnementales

Augustin, peux-tu présenter Latitudes et vos actions ?

L’association Latitudes a été créée il y a 3 ans par un collectif d’étudiant.e.s et d’enseignant.e.s à CentraleSupélec. La volonté initiale était de mobiliser les compétences apprises dans les enseignements, sur des projets qui oeuvrent pour l’intérêt général.

De fil en aiguille, nous sommes 3 à avoir voulu en faire notre métier et répliquer le concept dans de nouveaux établissements. Aujourd’hui, la mission de Latitudes est d’engager le monde de la tech au service de l’intérêt général à travers 3 axes de travail :

1/ Intégrer une dimension sociétale dans les cours d’établissements en lien avec les technologies

2/ Favoriser l’engagement d’individus et d’organisations qui ont une expertise technologique pour l’intérêt général

3/ Aider les acteurs de l’intérêt général (associations, entreprises sociales, administrations publiques, etc.) à s’emparer des technologies pour démultiplier leur impact

Une équipe de 10 personnes s’occupe de ces différentes actions aujourd’hui.

L’équipe de Latitudes

Quelles sont plus précisément vos actions en lien avec l’enseignement ?

Notre angle d’attaque initial a été d’intégrer ces notions de « tech for good » au coeur des cours des étudiant.e.s.

L’objectif est que l’établissement légitime ce sujet, et surtout que l’on puisse toucher l’ensemble des élèves, et pas simplement celles et ceux qui s’intéressent à ces questions naturellement.
Pour cela aujourd’hui nous proposons plusieurs modules pédagogiques aux établissements qui permettent 3 choses :

1/ Montrer que les nouvelles technologies peuvent apporter des solutions à des enjeux de société comme l’éducation, l’environnement, l’insertion, etc.

2/ Leur permettre de vivre une première expérience d’engagement concrète

3/ Pousser les élèves à se poser la question de l’impact des technologies, que ce soit l’impact environnemental, leur accessibilité, les questions de vie privée, etc., et ouvrir de nouveaux horizons aux élèves dans leurs choix professionnels futurs. 

Ces modules prennent principalement la forme de cours de quelques jours, ou de projets d’étude que les élèves réalisent pour des associations ou entreprises sociales qui nous ont partagé un besoin.
Par exemple à Epitech nous accompagnons les élèves de 3ème année dans la création de projets Tech for Good qui les suivent pour toute la fin de leur scolarité. À CentraleSupélec nous animons un pôle projet Tech for Good où chaque année 100 élèves de toutes les années du cycle ingénieur travaillent pour des associations et entreprises sociales. Il y a par exemple eu un projet d’analyse de données pour les Restos du Coeur, un sur l’identité numérique des sans-abri avec l’association Reconnect ou encore une plateforme web contre le gaspillage alimentaire.

Et quels liens tu verrais avec le programme RESET ?

Aujourd’hui nous faisons face à plusieurs enjeux avec Latitudes pour développer ces programmes. Sur plusieurs il pourrait y avoir des liens avec RESET ou alors être totalement réalisés par RESET :

  • avoir des contenus crédibles à enseigner sur différentes thématiques : la “grammaire” RESET pourrait se traduire en supports pédagogiques
  • adresser la diversité des cursus – nous devons adapter chacun de nos enseignements aux cursus des établissements et à leurs spécialités. Notre concept pourrait s’appliquer à d’autres types de formations, nous serions ravis de pouvoir partager notre expérience pour toucher d’autres formations comme les sciences humaines et sociales
  • développer un réseau de personnes qui veulent faire bouger l’enseignement supérieur – nous cherchons par exemple à mieux connaître le monde universitaire en ce moment
  • consolider un plaidoyer qui dépasse le monde de l’enseignement supérieur et touche par exemple les employeurs : la recherche de sens, d’impact exprimée par les collectifs étudiants peut et doit se traduire dans un repositionnement des employeurs dans leur activité

Nous voyons donc des liens évidents avec tout le contenu produit par la FING et les coalitions de RESET, ainsi qu’avec son réseau d’acteurs qui ont leur rôle à jouer dans l’évolution de l’enseignement (entreprises, associations, académiques, etc.)
Nous sommes également en train de construire un programme où nous aidons des enseignant.e.s à intégrer ces notions dans leurs cours en leur donnant accès à des méthodologies et des ressources pédagogiques comme des projets.

Quelles actions concrètes et résultats attendrais-tu de la coalition #3 à horizon 2022 ?

Beaucoup d’acteurs agissent déjà sur le sujet de la coalition #3, il faudrait spécifier le rôle que la coalition #3 veut jouer par rapport à ces derniers. Je vois malgré tout les sujets suivants qui méritent d’avancer – que ce soit directement ou indirectement grâce à la coalition #3 : 

  • Produire des supports pédagogiques qui permettent d’enseigner ces notions dans des écoles
  • Fédérer un écosystème d’établissements qui veulent intégrer ces notions dans leurs enseignements – en impliquant à la fois les enseignant.e.s et les directions
  • Consolider un plaidoyer qui incite les établissements et les employeurs à intégrer ces notions dans leurs activités
  • Favoriser le partage d’expérience et la mise en lumière des initiatives qui agissent sur le sujet

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