Défi : Vers un numérique représentatif, féministe et capacitant pour toutes les identités de genre.

Cette fiche défi a été rédigée en septembre 2018, c’est une version provisoire, donc incomplète, pour documenter le sujet. Elle sera enrichie pendant la phase de contribution en ligne (à partir de février 2019).

Citation

« Il n’est pas admissible que la société numérique, dont les impacts sur notre quotidien sont croissants, ne soit pensée, développée et gouvernée que par des hommes. Dans un contexte de pénurie des talents, nous ne pouvons nous passer de la moitié de la population car la mixité est indispensable à un développement réussi de l’usage des technologies et leur appropriation par tous.« , Fondation Femmes@Numerique, dans la Tribune

Pourquoi nous avons besoin d’un “reset” (ce qui se passe mal, ce qui ne peut plus durer)

Le numérique ne résout pas les enjeux sociaux sur le sujet de la représentativité. En l’absence d’intervention ou d’initiatives, il reproduit les inégalités déjà présentes dans le monde social (discriminations fondées sur le genre, l’orientation sexuelle, l’origine ethnique, …) : le numérique est construit par les hommes (codes, direction d’entreprises, outils genrés, usages faussés) et peu de modèles féminins y sont présents, pourtant beaucoup ont contribué à sa naissance et à son développement depuis Ada Lovelace à Hedy Lamarr. Il reproduit donc des sociabilités genrées, tout comme l’imaginaire d’Internet est structuré par le modèle masculin (le codeur, le hacker, le geek). Le numérique réplique dans les algorithmes et l’IA les biais du passé ; de nouvelles formes d’assertion de pouvoir et d’inégalité se développent (recommandation d’emplois moins bien rémunérés par exemple). 

Outre le fait que des images stéréotypées circulent sur le web, que les fake news ou la désinformation (faux sites sur l’IVG en première page du référencement Google) nuisent aux femmes, elles peuvent être victimes de cyberharcèlement (#gamergate, revenge porn, montée des communautés incels et masculinistes) poussant certaines à s’auto-exclure de certains espaces (réseaux sociaux), s’auto-censurer, voire être harcelées via des objets connectés. Et ce problème ne concerne pas que les femmes, racisées ou non, mais toute personne LGBTQ+.

Des visions alternatives existent déjà

Quelques actions intéressantes sont déjà mises en place : multiplication des formes de militantisme et de féminisme ; multiplicité des espaces d’expression (des youtubeuses expertes des questions de beauté, d’histoire, de science…) et des médias dédiés (afro-féminisme, trans), effort de représentativité et insertion des femmes dans le numérique (NB : attention aux discours sur la complémentarité) comme #JamaisSansElles, Numériqu’ELLES, ELLE Fest, … Mais aussi meilleure représentation des identités et profils sur des réseaux sociaux type Instagram (frontière floue entre masculinité et féminité, entre IRL et numérique, idée clair-obscur).
Le numérique est également vu comme un outil de défense et de sabotage du patriarcat (Elsa Dorlin) #metoo, #balancetonporc, #Payetaschnek, #Payetablouse, #Viedemeuf), de maîtrise des problématiques : migrantes qui échangent des infos et des objets d’hygiène féminine, travailleuses du sexe qui partagent des infos sur des menaces, MenstrueTech (dont certaines sont critiquées pour leur gestion des données personnelles), apps créés par les femmes pour les femmes, mapping des lieux LGBTQ+ friendly et tiers-lieux dédiés comme le hackerspace Reset, etc.
Enfin, tout un travail de sensibilisation est effectué (et doit se poursuivre) : interpellation en ligne sur des propos sexistes, modification en directe du vocabulaire utilisé par les journaux sur les violences conjugales (le terme « crime passionnel » pour parler du meurtre d’une femme), diversité des témoignages concernant la sexualité, notamment la contraception et violences médicales, …

Acteurs qui y travaillent déjà

INSER-Num (Insertion des femmes dans le numérique), la Fondation Femmes Numériques, le programme d’accélération dédié aux femmes entrepreneures sociales Les Ambitieuses, Salwa Toko fondatrice de l’association Becomtech, le projet Wikipedia Les sans pages, l’association Les internettes, la sociologue Sylvie Octobre, le Blog FemTech, Syntec Numérique, la Journée de la femme digitale, la start-up Social Builder, Numériqu’ELLES, …

Veille : https://docs.google.com/document/d/1FQV-_aDSVxGwjMY0S71xgeBTrX5ysMymyE8zkDu-8a8/edit