Défi : Faire de la sobriété numérique une réalité

Cette fiche défi est une V2 rédigée en février 2019, enrichies avec les contributions récoltées sur le forum ou les contributions externes publiées sur le blog. C’est encore une version provisoire, donc incomplète, pour documenter le sujet. N’hésitez à rajouter votre contribution sur le forum.

Citation « L’innovation frugale est une stratégie révolutionnaire. Toutefois, elle est bien plus qu’une stratégie : elle est le signe d’un nouvel état d’esprit qui voit la restriction des ressources comme une opportunité plutôt qu’un handicap. Son objectif ultime : faire mieux avec moins, c’est-à-dire créer à la fois plus de valeur commerciale et sociale tout en économisant des ressources précieuses telles que l’énergie, le capital et le temps », Navi Radjou

Pourquoi nous avons besoin d’un “reset” (ce qui se passe mal, ce qui ne peut plus durer)

Épuisement des ressources, effondrement, gaspillage : le numérique n’a rien de virtuel. Il consomme beaucoup d’énergie sur sa phase d’utilisation (10 % de l’électricité mondiale) et la fabrication des équipements nécessite de grandes quantités de matières premières non-renouvelables dont l’extraction et la transformation en composants électroniques génère l’essentiel des impacts environnementaux du numérique. La technologie ne résout d’une part pas tous les problèmes, mais peut elle-même en être un pour l’intérêt général et l’écologie.

Des visions alternatives existent déjà

L’idée est de réduire l’impact néfaste du numérique sur l’environnement, mais aussi d’interroger le rôle que peut jouer le numérique dans la réduction des impacts de l’humanité (IT for Green). Le numérique devient alors un levier de développement et de création de valeur, dans des domaines comme les mobilités durables, une meilleure qualité de l’air, une consommation énergétique plus raisonnée…

Une réflexion est menée sur la conception des sites et services numériques, pour qu’ils soient plus écologiques et éthiques. GreenIT et le collectif Conception numérique responsable ont ainsi mis en place plusieurs outils d’écoconception de services numériques et notamment un référentiel de 115 bonnes pratiques pour le web). L’Ademe accompagne également des projets de recherches en écoconception : huit projets ont été sélectionnés lors du 5e appel à projets, en octobre, dont NégaOctet, qui souhaite expérimenter un référentiel d’évaluation de la performance environnementale des services numériques.

Les Designers Éthiques proposent quant à eux une méthode pour réduire la charge addictive des interfaces numériques (il y a un lien entre écologie environnementale et écologie informationnelle). Avec Fréquence École, ils proposent également un dispositif de médiation (en licence Créative Commons) “les Dessous d’Internet” pour que les individus puissent prendre conscience de la matérialité d’Internet et du Cloud, ainsi que des impacts de leurs usages personnels. D’autres acteurs, comme Negawatt ou The Shift Project, proposent des outils pour effectuer une transition vers la sobriété énergétique.

Conjuguer le moins avec le mieux, développer des formes de résilience et de frugalité, face à un numérique sans limites, mobiliser ses capacités pour agir en modalités contraintes, voilà l’ambition de l’innovation frugale jugaad (développée notamment dans les pays du Sud . Hors le dernier Consumer Electrics Show, avec son déluge d’innovations inutiles, montre un tout autre chemin et donc l’urgence de la sobriété numérique.

La low-tech, dans sa forme la plus créative et la plus ouverte, permet également d’envisager un avenir numérique souhaitable pour nos enfants, selon GreenIT qui pense même que l’on peut faire de la low-tech un outil de résilience pour l’humanité. L’approche low-tech invite en effet à travailler sur l’ensemble du système de production et de consommation, dans l’optique de changer de logique d’ensemble, plutôt que de se contenter de “solutions” plus frugales à système inchangé (ce à quoi se cantonne, par exemple, l’économie circulaire),il y a donc un vrai enjeu à rendre les low-techs désirables.

Au sein de la Fing, nous avons imaginé une autre innovation possible, l’innovation facteur 4 : une innovation qui promet un impact profond en matière environnementale, large (en visant le plus ­grand nombre) et robuste, c’est-à-dire que le projet s’intéresse à ses impacts sur d’autres secteurs et domaines, ainsi qu’aux éventuels « effets rebond » susceptibles de limiter les bénéfices écologiques nets qu’ils entraînent.

Acteurs qui y travaillent déjà

GreenIT et le collectif Conception numérique responsable, le site d’info du CNRS EcoInfo, FondationWWF France, lAdeme, les Designers éthiques, The Shift Project, Low-Tech Magazine (dont le serveur est alimenté en énergie solaire), Negawatt, NegaOctet, les projets d’impact environnemental d’internet comme Ecograder ou le Web Energy Archive du Green Code Lab, …